La communication dans le milieu de la santé
Tout échange verbal exige une adaptation du message pour réduire la distance entre les participants : distance sociale, distance due aux rôles distincts des différents intervenants, distance linguistique et degré de familiarité entre les locuteurs. Cet énoncé est d’autant plus vrai dans le contexte de la relation patient-médecin, déjà très complexe, et encore plus en Acadie et dans les autres communautés francophones du Canada, où la langue dite « régionale » constitue souvent un frein supplémentaire de taille. Le glossaire différentiel des termes de la santé vise à réduire l’écart linguistique entre les professionnels de la santé et les patients qui ne maîtrisent pas le français standard en les sensibilisant au vocabulaire lié à la santé et aux accents de différentes régions.
Adaptation aux français régionaux
Dans la région du Sud-Est du Nouveau-Brunswick où plusieurs variétés de français cohabitent avec l’anglais, les médecins ont exprimé le désir de mettre à la disposition des stagiaires et du personnel venant des différentes régions de la Francophonie un outil qui faciliterait leur adaptation aux « parlures » des patients acadiens qui ne maîtrisent pas le français standard. C’est en réponse à ce besoin qu’a été lancé un projet d’élaboration d’un glossaire acadien. Le projet a mené à la publication en 2009 du livre « Les mots pour parler des maux » Lexique différentiel des termes reliés à la santé en collaboration avec Lise Rodrigue.
Qu’est-ce qu’un glossaire différentiel ?
L’ensemble des termes recensés actuellement dans notre glossaire est centré sur l’étude des particularités lexicales du vocabulaire acadien qui a trait à la santé. Très peu des mots répertoriés sont véritablement des « acadianismes ». La plupart tirent leur origine de la France du 17e siècle et certains sont encore utilisés aujourd’hui au Québec et parfois aussi en Suisse, en Belgique, en Afrique du Nord et dans leurs régions françaises d’origine.
L’approche différentielle met l’accent sur les différences avec un corpus de français de référence qui englobe tous les grands dictionnaires du français et les grammaires qui font autorité. L’accent est donc placé sur les mots ou expressions utilisés dans certaines régions, qui ne font pas partie de ce français de référence et qui présentent une différence significative.
Dans la majorité des communautés acadiennes, il faut prendre en considération le fait que plusieurs variétés ou registres de langue coexistent en même temps. Bien entendu, chaque variété peut comporter ses propres manières de parler des malaises, maladies, parties du corps, symptômes, etc.
La situation particulière du français acadien
Malgré les nombreuses différences entre les variétés de français en Amérique du Nord, il a été démontré qu’ils dérivent tous des groupes de dialectes du Nord-Ouest de la France mais dans des proportions différentes. Alors que les colons qui se sont établis dans la vallée du Saint-Laurent venaient de la plupart des régions de France, la majorité des familles qui se sont établies dans la colonie acadienne étaient issues du Poitou et de la Saintonge. Les variétés de français de souche acadienne sont réputées plus diversifiés que celles de souche laurentienne, qui sont maintenant parlées au Québec, en Ontario et dans l’Ouest canadien. C’est par sa prononciation et son lexique que la variété acadienne s’écarte le plus des variétés de français laurentien.
L’Acadie est aujourd’hui une entité constituée de plusieurs communautés dispersées sur un large territoire, un résultat de son histoire tumultueuse. La zone linguistique la plus homogène se trouve dans les régions acadiennes des provinces Maritimes où le nombre de locuteurs du français favorise sa vitalité. Selon le recensement de 2016, la concentration de francophones au Nouveau-Brunswick (31,4 %) est nettement plus haute que la concentration de francophones en Nouvelle-Écosse (3,2 %) ou à l’Île-du-Prince-Édouard (3,4 %).